L'HOMME N'EST-IL QU'UN ÊTRE SOUS INFLUENCE?
( 1907 - 1996)
Solomon Asch
« The tendency to conformity in our society is so strong that reasonably intelligent people are willing to call white black. »
« La tendance de se conformer dans notre société est tellement forte que les individus raisonnablement intelligents sont capables d'appeler le blanc, noir. »
Solomon E. Asch est connu pour avoir été un psychologue d’inspiration Gestaltiste et pionnier de la psychologie sociale. Il est né le 14 septembre 1907 à Varsovie, en Pologne. Il s'est ensuite rendu aux États-Unis en 1920.
En 1928, il obtient son baccalauréat à l’Université de New-York. Il obtient plus tard sa maîtrise en 1928 de même que son doctorat en 1932 à l’Université Columbia.
Aussi, Solomon Asch est connu pour avoir été le professeur du fameux Stanley Milgram. En effet, les travaux de Asch ont énormément influencé ceux de Milgram, notamment du fait qu’il était son directeur de thèse à l’Université de Harvard.
L’expérience de Asch sur le conformisme est sa plus grande contribution dans la psychologie sociale.
En 1951, Asch mène une expérience qui démontre à quel point la pression sociale peut affecter la conformité d’une personne à un groupe. Il pose ainsi l’hypothèse :
« An individual is capable of adopting a judgment which he knows to be contrary to common sense and to reality, without anyone having to deliver the slightest reward or punishment. »
« Un individu est susceptible de faire sien un jugement qu’il sait contraire au bon sens, à la réalité et cela sans que quiconque n’ait à délivrer la moindre récompense ou punition.»
L'expérience de Asch prouve que lorsqu’un individu est avec une grande partie de son groupe, et une question évidente lui est posée, il répond incorrectement si son groupe a fourni cette même réponse. Elle nous montre donc à quel point nous pouvons être vulnérables à la pression d’un groupe, au point de faire des choix qui vont à l’encontre de l’évidence.
Asch conduit cette expérience au “Swarthmore College” aux Etats Unis. Son protocole expérimental est le suivant :
Asch explique aux participants que le but de l'expérience est de tester les capacités de la vision.
Il s’agit de comparer la longueur de plusieurs segments. On retrouve trois lignes de longueurs différentes et les participants doivent distinguer lequel des trois segments est de la même longueur que le segment étalon.
Seul un sujet naïf est concerné par cette expérience, c’est à dire que sur un échantillon de 8 participants, 7 sont des complices et connaissent le but réel de l’expérience.
Les participants sont positionnés de façon que le sujet testé soit toujours l’avant-dernier à répondre. L'expérience a pour objectif de voir comment le sujet ‘naïf’ va réagir face aux comportements des autres.
Au début, les complices donnent la bonne réponse pour ne pas donner de doute au sujet naïf.
Ensuite, à partir du troisième essai, les complices sont tous prévenus de répondre incorrectement.
Le sujet testé est surpris des réponses des autres. Tout au long des essais, il devient de plus en plus hésitant par rapport à ses propres réponses.
Environ 37% des sujets naïfs finissent par se conformer aux mauvaises réponses.
A la fin de l'expérience, la totalité des sujets sont consultés. Le but réel du test leur est alors révélé.
Il y a 3 variétés de retours:
Certains individus sont convaincus d’avoir toujours répondu correctement;
D’autres confessent qu’ils ont été influencé par l'unanimité du groupe;
Enfin, les derniers connaissaient la bonne réponse mais ne voulaient pas contredire le groupe.
Pourquoi les sujets “naïfs” abandonnent-ils leurs jugements personnels lors de l'expérience? C’est la question que pose Asch aux participants lors des entretiens par la suite de l'expérience.
Les réactions sont expliquées par deux facteurs dominants qui constituent la pression de conformité:
Le premier facteur est la crainte de la “désapprobation sociale”. L’individu a peur de se faire rejeter de son groupe et se conforme afin d’être accepté par son entourage.
Dans ce contexte, il est soumis à “l’influence normative”, c’est-à-dire qu’il suit les autres pour rechercher leur validation.
Le deuxième facteur est le besoin de certitude à l’égard de sa propre réponse. L’approbation du groupe devient la seule façon de sortir du doute lorsque la non-conformité débouche sur un ressenti de ridicule.
Dans ce contexte, l’individu est victime de “l’influence informationnelle”, signifiant qu’il prend en compte l’avis des autres pensant qu’ils ont raison.
Reproduction de l'experience de Asch
Nous avons décidé de reproduire l'expérience de Asch sur trois groupes différents du collège.
- La première fois, l'expérience a été realisée sur une classe de 6e, où la classe a été divisée en deux afin de reproduire l'expérience deux fois.
- La deuxième fois, 8 élèves d'une classe de 3e ont été sélectionnés. Des élèves d’âges différents ont été choisis pour obtenir une variété de résultats.
Lors de nos expériences, deux sujets naïfs sur trois ont donné la mauvaise réponse, c’est-à-dire qu’il se sont conformés à l’opinion de leurs pairs.
Ceci montre que pour un exercice évident, une majorité des sujets vont se contredire afin de s'intégrer au sein du groupe.